De l’extrême gauche à l’extrême droite

Maintenant que l’affaire Dieudonné est passée et que l’on parle moins de lui – ce qui n’est pas un mal – je voulais revenir sur un point qui m’a particulièrement marquée durant cette sordide histoire.

Je connaissais Dieudonné et ses prises de position régulièrement antisémites, je connaissais aussi Soral et ses argumentaires nationalistes mais j’ignorais tout de Farida Belghoul qui s’est illustrée par sa croisade anti-genre à l’école et qui est une proche du duo nauséabond.
Elle a d’ailleurs reçu une « quenelle d’or » de la part de Dieudonné, « trophée » qui récompense ceux qui diffusent le mieux les idées Dieudonné/Soral.
Tout un programme.

Je ne connaissais pas du tout cette femme et ce que j’ai appris d’elle m’a laissé sans voix : figure de proue d’une jeunesse immigrée très à gauche, militante à l’Union des étudiants communistes, militante au sein de l’association France plus qui réunit des jeunes Français d’origine maghrébine, collaboratrice lors du lancement de Radio Beur, cette femme était une militante d’extrême gauche.

Comment devient-on militante d’extrême droite quelques années après ?

Par quel cheminement intellectuel, revient’on avec autant d’ardeur sur ses propres croyances ?
On a connu des hommes de gauche, devenir des hommes de droite et vice-versa.
Soit.

On a connu des erreurs de jeunesse, des idéaux dictés par une certaine vision de la vie qui parfois s’effondrent lorsqu’ils sont confrontés à la réalité de la vie, aux concessions que nous faisons tous, aux couleuvres que nous devons parfois avaler. Mais un tel revirement me laisse pantoise.

Prenez Monsieur M’Bala M’Bala, au temps où il était drôle. Avec Elie Semoun.
L’africain et le juif riaient alors ensemble, pour dénoncer justement le racisme. Durant 7 ans, ils se sont côtoyés presque quotidiennement. J’imagine que leur amitié était forte et leur complicité non feinte.

Comment passe t’on d’acolyte d’un juif à ennemi des juifs ?
Qu’est-ce-qui se passe dans la vie d’un homme ou d’une femme pour qu’une rupture soit aussi franche, assumée et démontrée ?

Devient’on raciste ? antisémite ? est-ce que ce sont des idées que l’on porte déjà en soi et qui ne demandent qu’à germer, à l’occasion de rencontres, d’échecs, de déception, par envie de briller, de se faire reconnaître ?

Sincèrement, je n’ai aucune réponse à ces questions. Je me demande souvent ce qu’il se passe dans la vie d’un homme ou d’une femme pour qu’il/elle change à ce point là et pour que la haine prenne le pas sur la bienveillance.

Je sais bien que l’âme humaine est insondable mais si vous avez des pistes de réflexion, je suis preneuse.

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