J'écris un livre

J’écris un livre … enfin, j’essaie.

Voilà c’est dit, j’écris un bouquin ! Enfin …

Aucune préméditation ce soir-là – je suis toujours autant incapable de stratégie ou de calcul de positionnement – seulement une forte envie de partager avec celles qui veulent bien me lire sur Instagram, ma préoccupation du moment : l’écriture.

Pas celle à laquelle je m’adonne depuis des années à travers les articles pour mes clients ou les publications que je publie ici. Oust la rédaction web, exit la rédaction juridique, au trou la rédaction d’articles de blog, je me suis lancée dans l’écriture d’un bouquin.

J’avais commencé à ébaucher mon retour à l’écriture dans mon article précédent, j’ai franchi une nouvelle étape depuis.

Annoncer l’écriture pour m’y tenir ?

Cette annonce, je ne l’ai faite aucunement par vanité, ce qui serait d’ailleurs bien mal joué de ma part, j’ai écrit 5 lignes du livre qui m’anime en ce moment.
Nous sommes bien d’accord, du pipi de chat au milieu d’un flot contenu de mots et de phrases que l’on échange tous les jours par mail ou sur les réseaux sociaux. Pour autant, c’est un grand pas personnel.

Après avoir lâché le morceau sur Instagram, j’ai saisi même le risque énorme que je venais de prendre, celui de me mettre une pression que je refuse, celle du regard des autres, de l’attente étrangère à la mienne.
Après quelques instants de réflexion, je me suis vite reprise, personne et certainement pas vous, attendez quelque chose de moi, je sais votre bienveillance. Et la vie m’a appris l’humilité.
Je ne suis pas une star des réseaux et je pourrais demain raccrocher pour m’exiler en Lozère avec des biquettes que je ne manquerai à personne sur le net. Mes années en entreprise m’ont également bien enseignées que personne n’était irremplaçable, à quelques exceptions près pour des êtres hors du commun. Et encore.

Ne vous méprenez pas encore, ces lignes ne sont pas un appel à la compassion, j’ai toujours détesté le jeu de ces jeunes filles pas assez belles, pas assez brillantes selon elles – alors qu’elles sont canons et lumineuses. Leur seul manque : une énorme confiance en elle.

Les compliments font toujours leur petit effet mais je n’aime pas aller à leur pêche. Et si la confiance n’est pas toujours là, je sais qu’elle ne s’acquière pas à travers les yeux des autres. C’est peine perdue d’aller chercher ce qui nous manque à l’extérieur.

Vous êtes une poignée à me soutenir dans mon écriture depuis des années et quelle poignée ! De sacrés nanas persuadées avant moi que les formats courts n’étaient qu’un préambule à peut-être un jour, plus de 3000 mots.
Vous livrer cette démarche est non seulement pour moi une façon d’être accompagnée, soutenue par celles qui me suivent depuis longtemps mais également de vous remercier d’être là. Vos encouragements sont des forces au quotidien.

Écrire, les montagnes russes

Si je n’ai posé que 5 lignes, je sens que le travail d’écriture se fait. Pour l’instant, assez peu concrètement je le reconnais mais les engrenages de mon cerveau commencent à s’emboiter pour laisser bientôt j’espère un flot de mots glisser vers ma main.

Je sais que je me prépare à vivre les montagnes russes et les vertiges ne me quittent pas. Un jour, je me sens invincible, capable de le faire tandis que l’autre, le syndrome de l’imposteur me saisit à la gorge violemment.

Comment pourrais-je oser me confronter avec les écrivains, les vrais, ceux qui sont édités et dont les livres font mes jours et mes nuits ? Quelle audace de croire que je peux aller au-delà de mon blog, c’est déjà bien assez non ? Pour qui je me prends donc ?

Et que vous dire du vertige que je ressens dans une librairie ? Ce n’est plus un vertige mais un abîme sous mes pieds que je contemple du bord accidenté. Quelle idée de me mettre dans cette situation inconfortable alors que justement je recueille avec mes articles de blogs et ceux pour mes clients de très bons retours ?

Ne me sortez pas qu’il est important de sortir de sa zone de confort ! J’ai la sensation de ne l’avoir jamais connu, cet espace confortable, tant je divague encore et toujours de mes trajectoires depuis tant d’années.

Et là, je ne parle que des sensations liées à la position de l’écrivain, aucunement de celles que je commence à ressentir et que je ne manquerai pas de vivre tout au long de l’écriture. Je pars sur un livre personnel, forcément, ça va piquer souvent, me blesser, m’écorcher et peut-être m’apaiser. J’aimerais tellement aller au bout pour vous aider aussi.

Et s’il restait un livre inachevé ?

Aucune importance. J’en suis persuadée, si je ne vais pas au bout, cela ne sera pas grave. Je suis mes besoins du moment.
Aujourd’hui, j’ai besoin d’y aller. Je me sens suffisamment forte pour affronter mes démons. Cela ne sera peut-être plus le cas dans 15 jours, dans 3 mois, dans 6 mois … j’ai fait un pacte inconscient avec moi-même : m’écouter et ne pas aller chercher la douleur. Je tâcherai de l’accueillir lorsqu’elle se présentera, de l’apprivoiser. Si jamais, elle était trop vive, trop perçante, j’aviserai pour ne pas me laisser happer.

L’idée est d’avancer, de construire, de transmettre, pas de revenir en arrière.

Et s’il n’était jamais édité ?

Vous n’avez pas fini avec vos questions désagréables ?
Là aussi, c’est une probabilité, je connais tant d’écrivains dont les romans dorment encore dans les tiroirs …

Chaque chose en son temps, pour l’instant, seul écrire la 6ème ligne m’importe. Je n’anticipe rien même si évidemment, je m’imagine parfois remporter le Prix Goncourt 😉

Je ne sais trop que la difficulté de nos jours, n’est pas d’être édité mais d’être lu …


Alors voilà, j’écris un livre. Je mesure chacun de ces mots, ils sont lourds, ils pèsent sur mes épaules déjà, occupent toutes mes pensées mais ne sont pas une charge inutile. Je ne le crois pas.

Ne vous étonnez pas si ce blog vient s’enrichir de quelques articles sur mon travail d’écriture, il est depuis tellement longtemps le réceptacle de mes interrogations. Un carnet pas intime, grâce auquel j’échange avec vous et puise souvent la force d’avancer.

Si l’écriture est aussi votre préoccupation du moment, n’hésitez pas à me dire où vous en êtes, à plusieurs, vous savez …

Mise à jour du 08/06/2021 :

Plusieurs mois après cet article, où en suis-je ? Et bien nul part !
Les cinq lignes posées sont restées cinq lignes et aucune autre n’est venue rejoindre ces premiers mots.
Pourquoi ?
Ah là, vous en avez encore de bonnes questions comme celles-ci ?

Bien évidemment que je me pose la question depuis le début … L’envie est pourtant là, la nécessité même plus qu’une envie, un besoin mais certainement pas encore suffisamment irrépressible puisque j’arrive à le tenir à distance sans trop en souffrir.

Ces derniers mois, tout n’a été que prétexte pour ne pas y aller :

  • j’ai passé des heures sur un logiciel d’écriture que je n’ai jamais réussi à apprivoiser
  • la culpabilité de prendre du temps sur mon boulot rémunéré
  • jamais le bon moment
  • pas assez de temps devant moi
  • il fait moche
  • il fait beau
  • j’ai soif
  • j’ai faim
  • ah mais attends, cette idée là à la place, elle serait pas super chouette ?

Bref, tout a été excuse pour ne pas écrire. Et je me remets la palme de la fausse excuse, j’excelle en ce domaine ! Je devrais en faire mon métier je crois.

Je le disais plus haut, si je n’écrivais pas, ce ne serait pas grave. C’est exact, après tout, personne ne me met le couteau sous la gorge et je fais bien ce que je veux de mon temps. Sauf que dans ma tête, mon cœur et ma gorge, tout ne va pas si bien que ça. Des luttes intestines font rage. Il faut que je les fasse cesser, elles prennent trop de place.

Bien évidemment, c’est la peur qui me contraint. Et aussi ma rationalité, celle qui assure ma sécurité intérieure et qui me dit « tu vas pas y aller, hors de question que tu remettes en cause cette stabilité enfin acquise pour quelques mots. Mets ton mouchoir dessus et va bosser ! »

Elle est sympa ma rationalité mais elle manque un poil de fantaisie et de spontanéité … Et surtout, elle prend une place tellement importante que je suis obligée de trouver des chemins de traverse pour la contourner.

Et pourtant, je m’apprête à prendre ce petit chemin de campagne cabossé tout mignon, tout ombragé que l’on suit sans trop savoir où il mène … Etonnamment, ce chemin me guide vers Instagram que je n’aurai pas imaginé pour raconter mes histoires mais où peut-être, je trouverai des mains pour me ramasser si je trébuche. Quitte à se casser la gueule, autant le faire bien et en public 🙂

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