Maman, j’irai jusqu’au collège !

Lundi soir, veille de rentrée scolaire, j’essaie de coucher Loulou qui a toujours mieux à faire (c’est bizarre, c’est toujours le moment qu’il choisit pour se rendre compte de l’impérieuse nécessité de ranger sa chambre) et dont l’ingéniosité tend au génie dès 21 h (ce soir-là, il m’a réclamé une poche de glace pour une bosse, c’était du jamais vu).
C’est dingue comme la nuit qui approche décuple ses capacités intellectuelles.

Bref, sérieux comme un pape et surtout très loin de l’endormissement (à 22h30, je l’entendais encore parler à ses dragons en plastique), j’entends mon petit homme m’expliquer qu’il est content de retourner à l’école pour retrouver ses copains et parce qu’il aime bien travailler. Sourire d’aise de la maman, finalement je ne l’ai pas si mal réussi que ça ce gosse.
Puis, d’un air très sérieux, il me dit qu’il compte bien aller jusqu’au collège.

Étranglement en duo de son père et de moi-même puis petite mise sous pression (qui n’a pas favorisé l’endormissement je le concède) mais qui nous a échappé «tu peux nous croire Loulou, mais tu vas y aller vite fait bien fait au collège, et ensuite, tu iras au lycée de grès ou de force puis à la fac sans même rechigner sinon on te déshérite». Bien entendu, on lui a passé sous silence que son héritage consistera à faire manger ses vieux parents, eux-mêmes désargentés sous l’effet conjugué de la crise et de leur préférence pour les voyages aux assurances vie.
On a pensé qu’après 21 heures, ce genre de considération était un peu lourd à porter, nous qui nous évertuons à lui souhaiter de jolis rêves bleus et roses tous les soirs.

Par contre, nous pensons légitimement qu’à son âge –bientôt 7 ans- cette discussion devra trouver sa place très bientôt lors d’un déjeuner familial et dominical. On n’est jamais assez préparé dans la vie.

Toute cette digression pour dire que nous aimerions bien que notre fils fasse des études, ce qui est complètement idiot soit dit en passant dans la société actuelle et surtout au regard de ma situation personnelle : des études et au final du chômage et des contrats précaires plus souvent qu’à leur tour. Mais enfin bon et même si j’adore les côtes de bœufs et que bien des plombiers gagnent mieux leur vie que moi, je ne peux tout de même pas le préinscrire d’ores et déjà en bac pro boucherie/plomberie si ?

En attendant de répondre à ces interrogations essentielles dans la vie d’une maman, je vais tâcher de parer au plus pressé, réapprendre les divisions pour lui transmettre le flambeau et surtout pas le fardeau.

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