Le beau monde – Harriet Lane

Là encore, un roman sur les étagères « nouveautés » de la médiathèque de ma ville et une belle découverte, féroce et habilement menée.

Frances Thorpe est invisible. Correctrice aux pages « Livres » d’un prestigieux journal, elle regarde briller le beau monde des lettres tandis qu’elle s’enlise dans une existence médiocre. Jusqu’au jour où un soir, elle croise une voiture accidentée sur une route de campagne et recueille les derniers mots de la conductrice, Alys Kyte.
En rencontrant la famille d’Alys, Frances entrevoit la lumière et ne résiste pas à son attraction. Le mari, Laurence Kyte, le grand écrivain, les deux enfants, Polly et Teddy. Depuis l’ombre qui la protège, elle observe chacun, les analyse, imite leurs gestes et leurs manières.

Dans le halo qui les entoure, la jeune femme ordinaire côtoie l’exception, les privilèges qui lui sont refusés : il lui faut goûter à cette chaleur, à cette lumière. À tout prix.

C’est un premier roman et l’auteur a remarquablement su mener son héroïne vers son but, sortir de l’ombre. Que ce soit l’écriture ou la vie du personnage principal, tout est amené avec délicatesse et précision. On oscille entre incrédulité et méfiance pour ce personnage, dont on sent derrière un caractère un peu en retrait une volonté de fer et surtout une opportunité cruelle.

La psychologie des personnages est décortiquée patiemment sans que cela devienne à aucun moment ennuyeux et malgré quelques clichés dans le récit de cette famille belle, riche et admirable (quoique, sous le vernis …) et de cette femme soumise et invisible, j’ai passé un bon moment, avec pour seule envie : découvrir si oui ou non, on peut passer de l’ombre à la lumière grâce aux autres.

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