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Le #debatdumardi : manifestations et violences

Alors là, j’envoie du lourd n’est-ce-pas ?? Plusieurs mois après le 1er #débatdumardi
Je vous avoue que je n’avais pas du tout l’intention de revenir avec un débat politique – à savoir que lorsque j’emploie ce mot, c’est toujours dans sa définition latine : la vie de la cité – et j’avais même préparé un billet sur la blogosphère. Un sujet sérieux qui fait parler de lui mais plus léger tout de même.

Le hic, c’est que ces dernières semaines, la blogosphère a été tellement chahutée avec les histoires de Valoche, Justine et cie que je ne me sentais pas le cœur de rajouter une couche aux polémiques. Je laisse de côté mon billet, il sera toujours d’actualité dans quelque temps.

Mais finalement, après cette 14ème manifestation contre la loi travail, le débat arrive à point nommé. Surtout lorsque je vois, encore une fois, des visages ensanglantés. Bizarrement, il ne s’agit pas de ceux des CRS …
Bref, je marche en terrain miné et je m’attends à des avis contraires et tranchés. Que voulez-vous, j’ai le goût du risque.
Mais comme je vous sais bienveillants et mesurés, tout se passera bien pour tout le monde et chacun se sentira libre d’intervenir à sa guise 🙂

Manifestations et violences : laissez-moi vous raconter une histoire

Très rapidement, les relations entre manifestants et CRS lors des actions contre la loi travail se sont crispées. Bombes lacrymogènes d’un côté, provocations de l’autre … on sentait cette histoire mal barrée.
Puis la violence est arrivée.
Puisque je suis vraiment honnête, je vais dire des deux côtés. On a tous vu lycéens, manifestants … dégrader le mobilier urbain, brûler des poubelles, taguer des murs et des vitrines … Et certains même jeter des pierres sur les forces de police.

Comme j’en suis encore dans l’énonciation des faits, je place ici que je suis contre TOUTES formes de violence et que dans un monde idéal, j’aimerais que les gens s’aiment, ne se battent jamais et vivent en totale harmonie.
Sauf que dans la vraie vie et pas celle des bisounours, cela ne fonctionne pas comme ça.
Dans la vraie vie, je vais vous raconter comment ça se passe. Et c’est pas joli-joli.

Je ne reviens pas sur le fond du sujet que j’ai déjà traité avec mon billet pratique sur les conséquences du texte El Khomri.

Une histoire pas drôle

Voilà donc que dans notre monde imparfait, les hommes politiques élus imaginent des réformes que parfois, une partie de la population refuse. Cela nous arrive de réfléchir et de penser que « vraiment, non, cette réforme là, elle est pas bonne pour nous ».
Comme nous sommes un peuple libre et que manifester est notre droit le plus absolu mais aussi que c’est un peu la seule façon que nous avons de nous faire entendre des hommes politiques, nous descendons dans la rue.

Ce qui plait moyennement à ces mêmes hommes politiques, bien décidés à faire passer leurs réformes. « Merde alors !!! Je suis ministre, je suis élu, j’ai fait l’ENA, je sais ce qui est bon pour vous alors vous allez la fermer et faire ce que je vous dit de faire ». Oui mais non.

Alors des manifestations se forment un peu partout dans le pays. Une fois, deux fois, trois fois, rien n’y fait. Période électorale oblige, les hommes politiques campent sur leurs positions. Ils ont fait l’ENA voyez-vous …

Mais pendant ce temps-là, les rangs gonflent et la colère aussi. Comment parler à celui qui ne veut pas entendre ? comment se faire entendre par celui qui se bouche les oreilles ?

Dans une spirale infernale, les crispations se transforment en actes de violence, on casse le mobilier. C’est pas bien. Les manifestants rejoints par des jeunes en manque de repères/présence parentales/accompagnement/boulot/paires de baffes/reconnaissance/cerveau/activités – à cocher au choix, plusieurs réponses possibles, tentent de se faire entendre.

Les hommes politiques, du haut de leurs bureaux bien lustrés, assistent alors à ce spectacle – intolérable disent-ils – et donnent des ordres à ces messieurs les préfets : « dispersez moi tout ça, qu’on n’en parle plus ! « 

Messieurs les préfets donnent des ordres à leurs bras armés, les CRS :
– « dispersez-moi tout ça, qu’on n’en parle plus !
– on peut utiliser toutes les méthodes à notre disposition Monsieur le Préfet ?
– euh … humm humm, lacrymo ok, arrestations ok, canons à eau ok, coups de matraques ok mais surtout, pas devant les journalistes. Ça fait désordre après et le ministre va m’appeler en gueulant. »

Et voilà donc la 4ème manifestation, la 5ème … avec son lot d’arrestations, de coups discrets, de canons à eau … ça disperse un temps les empêcheurs de tourner en rond dans les beaux bureaux discrets mais les bougres s’accrochent – à croire qu’ils n’ont rien à foutre de leur journée. Le chômage ? Ah oui, ceci explique peut-être cela.

Les hommes politiques s’énervent de plus en plus :  » voilà maintenant que les bougres se réunissent le soir et parlent de convergences des luttes, de démocratie, de nouvelle société. NuitDebout que ça s’appelle. Ridicule, surtout qu’ils sont tous assis par terre ».

Je passe sur toutes les tentatives faites pour discréditer le mouvement – faux casseurs, manipulation des chiffres et de certains médias …

CRS contre manifestants

Dans la presse et la population, nombreux sont ceux qui dénoncent les actes vandalismes qui sont commis lors des manifestations. Et on distingue ceux qui s’émeuvent des violences subies par les manifestants et ceux qui sont choqués des violences subies par les CRS.

C’est vrai ça, comment peut-on accepter que les représentants de l’état se fassent caillasser par des manifestants ?? Intolérable ! d’autant plus qu’avec leurs casques, leurs armures, leurs boucliers et leurs matraques, ils n’ont aucun moyen de se défendre, pensez bien !!
Je rappelle au passage que ces hommes de l’ordre sont dans le cadre de leur activité professionnelle. C’est-à-dire qu’ils sont là parce qu’ils ont choisi ce métier – aucun jugement de valeur ici, uniquement des faits – et que chacune de leurs journées passer à déblayer les manifestations sont payées – et dotées de primes.

Ce n’est pas le cas des manifestants. Il y a comme une inégalité des forces qui me sidère …

Il y a quelques semaines, l’un de mes amis étaient à Paris, lors d’une manifestation contre la loi travail. Il s’est trouvé au mauvais moment au mauvais endroit : il a écopé d’un coup de matraque le laissant en sang sur le trottoir alors qu’il n’avait commis aucun acte de violence … rappelons aussi le cas de ce manifestant qui a perdu l’usage de son œil … Là encore, mauvais timing ?

CRS contre journalistes

Les manifestants ne sont pas les seuls à subir la violence des CRS. Comme le prouve ces images effarantes de la dernière manifestation où l’on voit très clairement, des journalistes matraqués par les CRS.
Les journalistes sont-ils des casseurs ? Que justifie cette violence et ces coups portés ? Faut-il faire taire la situation dans les rues ?
Et que l’on ne vienne pas me dire qu’il s’agit d’actes isolés … la situation se répète à chaque manifestation.

 La violence n’est pas dans les actes de violence

alors oui, casser du matériel urbain, c’est nul. Taguer les murs, c’est carrément naze et jeter des pierres aux CRS, vraiment, c’est pas malin.
Mais la violence est-elle réellement dans ces actes là ?

Pour moi, la violence c’est ça :

  • des individus, des enfants qui vivent dans leur voiture car ils ont été expulsés de leur logement et non relogés
  • des flics placés dans les rangs des « casseurs » pour destabiliser des mouvements sociaux
  • des familles qu vivent dans un camping malgré des CDI
  • des CDD et des stages à la pelle … une précarité infernale
  • des hommes politiques qui s’en mettent plein les poches sans vergogne et presque sans complexe
  • de grosses multinationales qui délocalisent et ferment des usines alors que le bénéfice annuel est positif
  • une classe politique qui n’écoute pas les mécontentements des français
  • une « trahison » des discours de campagne électorale
  • des hommes politiques en campagne continuelle incapables de trouver des solutions concrètes à la situation économique du pays
  • des CRS qui matraquent journalistes et manifestants
  • des lycées qui sont embarqués par les flics pour une poubelle brûlée
  • des être humains parqués dans une « jungle » illégale et honteuse
  • une mise à pied, un licenciement sans cause réelle et sérieuse parce qu’on a passé 50 ans
  • les intérêts écologiques complètement zappés au profit des intérêts économiques …

La liste est looooooooongue !!

Lorsque la violence est dans les inégalités sociales et économiques, il ne faut pas s’étonner qu’elle descende dans la rue !

 


Voilà, la parole est à vous !!!

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